Trois paradoxes doivent être expliqués. Primo, aux Etats-Unis, le régime de croissance tirée par la finance a engagé la rupture de l'âge d'or fordiste en impliquant une montée de l'inégalité à la suite d'impacts spécifiques de l'économie sur la politique, ce sur quoi diverses sciences sociales concluent de façon convaincante que le coût de l'inégalité est devenu trop excessif. Deuxio, la crise de la zone euro est souvent perçue comme un reflet des limites d'Etats-providence universels et de l'idéal d'égalité sociale, mais certains pays sociaux-démocrates ont résisté et continuent d'afficher une complémentarité entre des systèmes de protection sociale étendue, des inégalités modérées et une un système de production et d'innovation dynamique. Tertio, l'Amérique latine qui constituait le continent le plus inégalitaire a renversé cette dynamique et semble se tourner maintenant vers un modèle de croissance basé sur la réduction des inégalités tout en restant lourdement dépendante de da demande de matières premières. Pour résoudre ces paradoxes, on propose une approche socioéconomique simple, fondée sur le concept de régimes d'inégalités. On l'applique ensuite à l'analyse de la durabilité probable d'un tel retournement en Amérique latine. Les interprétations conventionnelles mettent en avant l'universalité des mécanismes qui élargissent le champ des inégalités individuelles dans chaque Etat-nation mais réduisent la hiérarchie des standards de niveau de vie. Cette analyse conclut au contraire que l'Asie, l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Amérique latine ne suivant pas la même trajectoire car ils ont développé des régimes contrastés d'inégalités qui co-évoluent au niveau mondial. Ce fait peut constituer une alternative à l'hypothèse d'une globalisation de l'inégalité irréversible. En conséquence, le futur des économies latino-américaines plus inclusives dépend de l'interaction entre les nouvelles avancées démocratiques internes et la reconfiguration de l'économie mondiale.