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Politiques de santé – Nouvelles approches, nouveaux outils, nouveaux enjeux

 

Panel ouvert organisé par Nathalie Coutinet (Université Paris 13 SPC - CEPN – équipe STRAS), Nicolas Da Silva (Université Paris Ouest Nanterre La Défense – EconomiX) et Jean-Paul Domin (Université de Reims – REGARDS)

Les propositions de communication (sous forme de résumés ne dépassant pas 2 pages) sont à envoyer avant le 31 mars 2014 à l'un des organisateurs ; Nathalie Coutinet (nathalie.coutinet@gmail.com), Nicolas Da Silva (niconds@hotmail.fr) ou  Jean-Paul Domin (jp.domin@univ-reims.fr) Les notifications d’acceptation seront communiquées aux auteurs fin mars 2014. Les textes des communications devront être envoyés aux organisateurs de la session pour le 31 mai.


La politique de santé est confrontée à une crise profonde aux multiples facettes. Crise financière avec des déficits structurels croissants des dépenses d'assurance maladie ; crise d'efficacité lorsque les plans successifs de maîtrise médicalisée, de "rationalisation " des choix et de réduction des coûts n'aboutissent qu'à de bien maigres résultats ; crise d'autorité lorsque son pouvoir est éparpillé entre quatre catégories d'acteurs : l'État central (parlement, ministères de la Santé et du Budget), des acteurs régionaux (ARS), l'assurance maladie et, pour une part de plus en plus importante, des acteurs privés, via l'UNOCAM ; crise de représentativité et de légitimité lorsque la politique de santé est systématiquement contrée par des mouvements syndicaux, associatifs, voire autonomes ; crise de "foi" quand le principe de solidarité s'effrite et fait reculer le principal instrument de la politique de santé qu'est le système obligatoire d'assurance maladie, jusqu'à le mettre en péril, au profit des assureurs complémentaires ; …

Chacune de ces facettes est de nature à questionner l'économie politique sur sa responsabilité dans les échecs de la politique de santé depuis 30 ans et sur son incapacité à prévenir les risques. Ce questionnement critique a déjà largement été entamé, y compris dans les rangs de de l'économie standard. Plusieurs travaux ont ainsi voulu (re)valoriser les dépenses de santé en les ramenant, dans une approche macroéconomique, soit aux bénéfices économiques qu'elles génèrent, mesurés en points de PIB, soit à l'amélioration de bien-être qu'elles apportent. Ces approches identifient, explicitement ou non, les dépenses de santé à des dépenses d'investissement. D'autres séries de travaux ont mis en cause les soubassements théoriques sur lesquels repose la politique de santé. En s'appuyant sur de tels fondements, jugés erronés, les politiques de santé feraient simplement fausse route en infligeant des remèdes inadaptés, voire délétères. Parmi ces fondements, les concepts du New Public Management sont souvent cités. Ceux-ci modèleraient les institutions et les individus afin qu'ils pourvoient les informations requises, dans un processus fermé et auto-évolutif d'évaluation/amélioration. La théorie de l'agence et, plus généralement, la théorie économique standard sont aussi fréquemment jugés inopérants en santé. En pointant presque exclusivement sur le concept d'aléa moral, cette vision utilitariste des médecins et des patients banaliserait (ou marchandiserait) la santé, là où l'émotion, l'irrationnel, l'éthique ou l'altruisme dominent.

Aussi nécessaire et fécond qu'il soit, le questionnement ne se borne pas au simple constat, plusieurs avancées théoriques émergent des analyses des échecs des politiques de santé et prennent en compte les évolutions du champ telles que les transformations de la démographie médicale, l'émergence du droits des malades, la mutation du modèle pharmaceutique, l'irruption de l'e-santé et du big data ou la reconfiguration des systèmes d'assurance santé. La particularité la plus marquante de ces nouvelles approches est de se démarquer du "tout économique" pour revenir, dans la pure tradition de l'économie politique, à des approches plurielles. On voit ainsi émerger, dans le champ de l'économie, des travaux issus des analyses psychologiques et comportementales des motivations ; s'inspirant des nombreux travaux  philosophiques autour de l'éthique et de la justice sociale ; s'appuyant sur des travaux en sciences politiques tels ceux traitant de la démocratie (sociale, sanitaire…) ; s'associant aux avancées notables en sociologie de la santé qui permettent, par exemple, de revisiter le colloque singulier ou le rôle social du médicament ; se fondant sur des analyses du droit positif, …

Dans le cadre de ce panel, l'objectif est de faire le  point de ces nouvelles approches. Nous attendons donc des communications visant soit à nourrir la réflexion autour du poids, de la nature et de l'importance de l'économique dans les politiques de santé, soit à enrichir, d'un point de vue méthodologique, théorique, pratique ou opérationnel, les travaux permettant la construction d'outils renouvelés.

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