La notion de crise économique est bien souvent au coeur du débat politique. Il est dés lors interpellant de constater aujourd'hui le statut épistémologique mineur qu'occupe la théorie de la crise dans l'orthodoxie économique.
En effet, si l'économie néoclassique reconnait une dimension conjoncturelle à l'activité économique, elle attache par contre un faible statut théorique à la notion de crise économique, qu'elle qualifiait iI y a peu encore de problème strictement théorique ne survenant pas " à terme" dans la réalité. Ou encore qu'elle rationalise en une oxymorique "non-rationalité" des acteurs en ce qui concerne l'économie financière. Il faudra attendre Minsky (1993) pour considérer les crises financières comme un phénomène endogène susceptible d'une modélisation articulèe à l'économie réelle.
Pourtant, la question de la crise est au coeur de l'une des plus importantes polémiques de l'économie politique, la controverse sur « l'engorgement général des marchés » a en effet marqué l'histoire de la pensée économique et est restée l'une des principales polémiques économiques du XIX siècle.
Le présent papier entend mettre la notion de crise en perspective historique et idéologique par une lecture critique de sa modélisation et formalisation mathématique dans trois courants de l'économie; les écoles marxiste, post-keynésienne et néoclassique.
En effet, la représentation de la crise adoptée est d'importance dans la politique contracyclique légitimée au nom de la science économique et l'un des principaux lexiques rethoriques du discours politique... de crise.