La conception aujourd'hui dominante du développement présente un paradoxe apparent : la thématique du développement humain inspirée des analyses de Sen permet un élargissement de la conception du développement par inclusion de dimensions politiques et notamment de la démocratie dans sa définition. Cependant, la prédominance des évaluations chiffrées dans le classement des performances des pays conduit à la construction d'indicateurs de démocratie qui, à travers la grille de lecture de la « bonne gouvernance », fournissent de celle-ci une conception restrictive, voire subordonnée aux exigences des politiques néolibérales. On peut y voir la conséquence de l'influence du paradigme néo-institutionnaliste, qui fonde une conception du développement limitée à des micro-arrangements institutionnels et contribue à légitimer la construction d'un Etat organisateur des marchés.
- Poster